29 mars 2012 –
le Monde en ligne
La CFDT ne rencontrera pas Nicolas Sarkozy
Sauf miracle de dernière minute, la CFDT ne rencontrera pas Nicolas Sarkozy
en tant que candidat à l'élection présidentielle. Le 24 janvier, la centrale de François Chérèque avait présenté une
interpellation à tous les candidats à l'élection
présidentielle, à l'exception de l'extrême gauche et de l'extrême droite. Elle
adressait à chacun une demande de rencontre en fixant la date butoir du 3
avril.
Jeudi 29 mars, et malgré ses sollicitations, elle n'a reçu aucune réponse
du président-candidat. François Chérèque, qui a multiplié les critiques à
l'encontre de M. Sarkozy tout en s'abstenant, à la différence de Bernard Thibault, de souhaiter
un changement de président de la République, en a déduit que, contrairement à
2007, il n'y aurait pas de rencontre. Le 11 mars, Xavier Bertrand, le ministre
du travail, s'était rendu in extremis à la clôture du forum de la société civile
qui avait adopté, au siège de la CFDT, un "manifeste pour un pacte social".
Le secrétaire général de la CFDT, qui a rencontré deux fois François Hollande
et une fois François Bayrou et Eva Joly, bouclera ses entretiens vendredi
30 mars avec Jean-Luc Mélenchon.
Attaques répétées
Si M. Chérèque est soupçonné par M. Sarkozy de rouler pour le candidat
socialiste, aucune rencontre n'est inscrite, pour l'heure, entre le président
sortant et les organisations syndicales, lesquelles ont globalement mal
réagi à ses attaques répétées contre les corps intermédiaires. Bernard Thibault
s'est entretenu avec François Hollande, Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly mais il
a eu aussi un entretien, resté secret, avec François Bayrou.
Quant à la CFTC, elle a lancé, mercredi 28 mars, sa propre interpellation
en leur adressant dix questions sur la représentativité syndicale, l'emploi, la
famille, les retraites, l'assurance-maladie, le logement, la conciliation des
temps de vie professionnelle et familiale, le dialogue social, la gouvernance
et le partage des richesses de l'entreprise, l'Europe. La centrale chrétienne
conteste la loi du 20 août 2008 sur la représentativité syndicale,
qui fonde celle-ci d'abord sur l'audience électorale. Elle demande
l'abaissement du seuil requis pour être représentative au niveau national
interprofessionnel, au vu des élections dans les entreprises, de 8 % à 5 %
et l'exclusion du champ pris en compte des entreprises publiques.
Depuis la contestation de la réforme des retraites, en 2010, les relations
entre Nicolas Sarkozy et les syndicats se sont
considérablement détériorées. Sa charge contre les corps intermédiaires a
accentué le fossé. Anecdotique en apparence mais symbolique, la revisitation
sur le site de l'Elysée des voeux que le chef de l'Etat avait adressés aux partenaires sociaux
le 15 janvier 2010 est significative.
"Je respecte mes interlocuteurs"
Vantant les mérites du dialogue social en 2009, M. Sarkozy
avait proclamé : "Nous nous sommes tous enrichis, me semble-t-il, de ces échanges." Et,
avait-il ajouté : "J'ai entendu des commentateurs
parler de cogestion. Il parait même qu'on vous a reproché au sein de certaines
de vos organisations d'entretenir des échanges – comment dit-on – trop assidus
avec le gouvernement. Ce sont des balivernes. Je respecte mes interlocuteurs.
Je ne confonds pas les genres. Cela n'enlève rien aux oppositions que nous
pouvons avoir. Mais notre devoir c'est d'essayer de conduire la France tous
ensemble. (...) Je crois, au fond, que
tout ceci témoigne d'une forme de maturité de notre démocratie."
En conclusion, M. Sarkozy insistait : "J'ai beaucoup apprécié les
contacts humains, personnels, que nous avons pu avoir les uns et les autres. La
démocratie sociale n'est pas parfaite. (...) Il y a quand même dans la démocratie sociale un respect de
la personne et un sens de la responsabilité qu'on aimerait retrouver plus
souvent chez tous les acteurs du dialogue, quels qu'ils soient. Souvent la
démocratie sociale est critiquée, sans doute à juste titre. Mais pour ce qui
est du respect de la dignité de l'autre, du respect de la personne, du souci de
la personne, je pense que tout au long de cette année 2009, vous avez été des exemples."
Sur le site de l'Elysée, où le texte intégral de ces voeux 2010 ne figure
plus, on retrouve l'enrichissement mutuel du dialogue social et les derniers
mots – "vous avez été des exemples" – mais les autres
passages pré-cités ont été expurgés. Les corps intermédiaires ne sont plus ce
qu'ils étaient…
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Chérèque accuse Sarkozy de "démagogie populiste"
Le Monde.fr avec AFP | 30.03.2012 à
15h13 • Mis à jour le 30.03.2012 à 15h23
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Le secrétaire général de
la CFDT, François Chérèque, a accusé, vendredi 30 mars, Nicolas Sarkozy de "manipulation
de l'opinion" et de "démagogie populiste" en
tapant à "bras raccourcis sur les syndicats" et en
refusant d'assumer son "compagnonnage régulier" avec
la CGT durant son mandat.
"Le président de la
République, candidat de l'UMP, a
choisi de faire passer les syndicats dans le camp de l'opposition
pour dire : 'regardez, ils nous critiquent, c'est qu'ils sont
d'accord avec les autres, qu'ils ne sont pas objectifs'", a-t-il déclaré sur BFM
Business.
"C'est une
manipulation de l'opinion, c'est une démarche voulue, c'est dangereux pour la
démocratie" parce que "demain on a besoin de syndicats forts
pour faire évoluer notre pays", a-t-il ajouté.
"POURQUOI IL
N'ASSUME PAS CE QU'IL A FAIT ?"
Le numéro un de la CFDT
a précisé qu'il n'avait toujours pas reçu de réponse à sa demande de rencontre
avec le candidat de l'UMP : "C'est son choix, ce n'est pas le
mien, mais c'est regrettable, c'est la première fois que je vois ça depuis que
je suis secrétaire général : un refus de dialogue avec les syndicats."
Selon lui, cette
attitude "est en rupture avec ce qu'il a fait pendant cinq
ans"."Pourquoi il n'assume pas ce qu'il a fait ? Pourquoi il
n'assume pas qu'il a eu besoin de la CGT, par exemple pour faire négocier la réforme des retraites chez les
cheminots ? Pourquoi il n'assume pas son compagnonnage régulier avec la CGT ?
Pourquoi aujourd'hui il a honte de ce qu'il a fait?", a encore lancé
le numéro un de la CFDT.
PAS D'ENGAGEMENT
PARTISAN
"Moi, j'assume
quand je me suis engagé sur une réforme des retraites avec Jean-Pierre Raffarin qui était un ministre de droite [en 2003]", s'est
targué M. Chérèque.
M. Chérèque a répété que
la CFDT "ne s'engage pas de façon partisane pour faire battre tel ou tel candidat". "Le
syndicalisme sera plus fort demain de rester dans cette démarche" car "quel
que soit le candidat élu, de droite ou de gauche, de toute façon il va falloir porter la voix des salariés", a-t-il dit dans
une critique de la position de la CGT qui appelle à faire battre Nicolas Sarkozy.
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